Sonde n°1 : Feu doux
Conçue par Rafal BORKOWSKI et Samuel ROUX
Feux doux est une invitation à réfléchir sur la nécessité de vivre avec son propre temps. La crise sanitaire que l’humanité traverse pousse à nous interroger sur nos habitudes et à porter un regard critique sur nos comportements face à l’état du monde. Cette “pause“ révèle à quel point la remise en cause de nos modes de consommation et de production peut être salutaire. Nous avons observé, à quel point, devant l’urgence, une suspension ou un allègement de la suractivité humaine est possible.
Le confinement nous a offert du temps. Du temps gratuit, inattendu, inespéré, à prendre, à gagner, à perdre ou à donner.
Ce temps, nous allons tenter de l’utiliser au profit d’un “temps de cerveau humain“ créatif (et non pas offert et disponible, comme le proposait en 2004 le PDG d’une grande chaîne de télévision privée à propos de la publicité).
L’élaboration d’une production graphique repose sur plusieurs étapes. Si la question de l’échéance, la “deadline“, est déterminante, il faut apprendre à se connaître pour y parvenir sereinement. Chacun devra prendre la liberté de travailler à son rythme et échelonner son parcours sans que la notion de finalisation soit, dans un premier temps, un objet de pression. Nous revendiquons une production graphique critique et singulière s’appuyant sur le temps qu’il faut et non le temps qu’il fait, en nous autorisant, si besoin, à contourner, détourner voire même se passer du protocole et des outils de conceptions imposés par le marché.
Références
ROSA, Hartmut, Accélération, Une critique sociale du temps, Paris, La Découverte, 2010.
VARGAS, Fred, L’humanité en péril, Paris, Flammarion, 2019.
Sonde n°2 : Quand l’art contemporain dialogue avec le patrimoine
Conçue par Laurent BAUDE, Paul DE LANZAC et Quentin JUHEL
Par le biais d’une recherche créative, cet atelier invite les étudiant.e.s à questionner la notion de besoin, en envisageant les nouveaux comportements et modes de vie soumis aux bouleversements environnementaux et aux aléas du changement climatique.
Ce projet entre l’ÉSAD Orléans et Les Tanneries autour de l’historique du site propose un regard singulier sur l’histoire de ce patrimoine industriel et sa nouvelle fonction de centre d’art contemporain. Lieu d’émergence du geste contemporain, de médiation de l’œuvre, l’histoire des Tanneries s’écrit autour de rencontres fugaces entre artistes, les œuvres et le site.
Construites en 1947, Les Tanneries sont un site de production industriel jusqu’en 1967. Le site devient alors lieu de stockage jusqu’à son abandon pour devenir une friche. A partir de 2007, les tanneries acquises par la ville d’Amilly accueillent de nombreux artistes dans le cadre de résidences de création. Réhabilité par un projet réalisé par l’architecte Bruno Gaudin, le centre d’art est inauguré en 2016. La singularité du site se définit au regard des dispositions du lieu à favoriser l’émergence du geste artistique. Le centre privilégie les échanges qui se construisent à travers les notions d’atelier et de fabrique, d’une prise de conscience du geste dans son acceptation artistique, politique et sociale.
En s’appuyant sur les fonds d’archives, les étudiants sont invités à produire leurs propres iconographies au service d’une édition en Web To Print destinée à valoriser les différentes histoires des lieux.
Les étudiants auront à enquêter, rencontrer, collecter, organiser pour communiquer le résultat de leurs recherches dans un espace virtuel à créer, à organiser et à coder entre art et document.
Références
CHAMARET, Sandra, HORELLOU, Loïc, « Transmission de données », Penser, classer, représenter, Back Office, n°2 , Paris, B42 et Fork éditions, 2018.
CHEVRIER, jean-François, Des Territoires – Un séminaire , une exposition – 1994 – 2001, Paris, édition ENSBA, 2001.
DERRIDA, Jacques, Lettre à un ami japonais, octobre 1985.
DIDI-HUBERMAN, Georges, L’Image survivante, histoire de l’art et temps des fantômes selon Aby Warburg, Paris, Édition de Minuit, collection Paradoxe, 2002.
ENSADLab, EnsadLab invite PrePostPrint, Enjeux des systèmes de publication libres et des outils alternatifs pour la création graphique, Paris, Ensad, 3-4 avril 2018.
FAUCHIÉ, Antoine, « Une chaîne de publication inspirée du web », quaternum.net, in carnet, 2017.
WARBURG, Aby, L’atlas Mnémosyne, Paris, édition l’écarquillé, 2019
Sonde n°3 : Graphisme + couleur
Conçue par Uli MEISENHEIMER et Olivier SOULERIN
Terrain expérimental au croisement du design graphique et de la théorie-pratique de la couleur.
1 – Série / variation / déclinaison / évolution / progression
2 – Compositions sérielles d’images, de formes, de lettres, en appliquant des variations d’échelle, quantité, direction, négatif / positif, symétrie / asymétrie, matière / texture / trame, transparence, superposition…
3 – Séquence dans la recherche conceptuelle de projets graphiques > identité visuelle, affiche, édition, packaging…
4 – Noir–blanc / couleur > rythme de la mise en pages d’une édition, d’une série d’affiches…
5 – Vide / plein > fond / forme (imbrication formelle – contraste de quantité / de proportion) > interactions formelles / interactions des couleurs > cadrage > format / contexte > équilibre / déséquilibre
6- Net–flou / lisible–illisible / visible–invisible > ensembles monochromes > ensembles polychromes > le rôle des contrastes
Sonde n°4 : You talkin’ to me ?
Conçue par Claire DUMONT et Florent DELOISON
Feux doux est une invitation à réfléchir sur la nécessité de vivre avec son temps. La crise sanitaire que l’humanité traverse et le confinement imposé, avec son lot d’inquiétudes et de douleurs, nous pousse à nous interroger sur nos habitudes et à porter un regard critique sur nos comportements face à l’état du monde. Elle
“La porte refusa de s’ouvrir et déclara : – Cinq cents, s’il vous plaît. À nouveau, il chercha dans ses poches. Plus de pièces ; plus rien. – Je vous paierai demain, dit-il à la porte. […]. Les pièces que je vous donne constituent un pourboire, je ne suis pas obligé de vous payer. – Je ne suis pas de cet avis, dit la porte. Regardez dans le contrat que vous avez signé en emménageant dans ce conapt. Il trouva le contrat dans le tiroir de son bureau […]. La porte avait raison; le paiement pour son ouverture et sa fermeture faisait partie des charges et n’avait rien de facultatif. – Vous avez pu voir que je ne me trompais pas, dit la porte avec une certaine suffisance.”Philip K. Dick, Ubik, 1969.
Mon smartphone me parle. L’ascenseur me parle. La pompe à essence me parle. Nous sommes entourés d’objets doués de paroles, ou que nous pouvons commander au son de notre voix. Un improbable dialogue s’engage alors, entre mauvaise compréhension et manque de conversation et d’interaction. Cette sonde sera l’occasion de nous interroger sur le statut de ces objets connectés, sur la reconnaissance vocale et la synthèse de parole et le dialogue avec ces objets inanimés. Les étudiants seront invités à concevoir et réaliser des objets ludiques et des espaces à jouer, à mi-chemin entre les jeux de plateaux et les objets connectés. Loin du statut d’assistant domotique, l’objet pourra ainsi devenir vecteur de communication entre les joueurs.
Références
CAILLOIS, Roger, Des jeux et des hommes, Gallimard, Paris, 1958.
HUIZINGA, Johan, Homo ludens, essai sur la fonction sociale du jeu, Gallimard, Paris, 1988.
https://www.creativeapplications.net/
https://youtu.be/9MoHnOfIH6M
Sonde n°5 : Besoins radicaux / Paradis artificiels
Conçue par Laurence SALMON et Eric VERRIER
L’identification du besoin est la condition première de la production du design. On peut distinguer : les besoins vitaux, les besoins authentiques, les besoins artificiels, les besoins légitimes, les besoins réels… Par le biais d’une recherche créative, cet atelier invite les étudiantes et les étudiants à questionner cette notion en envisageant les nouveaux comportements et modes de vie soumis aux bouleversements environnementaux et aux aléas du changement climatique. L’élaboration de la recherche s’appuie sur un premier travail d’études de textes choisis (Jean Baudrillard, Matthew Crawford, André Gorz, Razmig Keucheyan, Serge Latouche, Victor Papanek, Pierre Sansot…) qui permet de préciser des contextes d’intervention. L’atelier aborde l’ensemble des problématiques du design avec une volonté d’ancrer le projet sur le besoin et sur l’usage. Les échelles d’interventions sont multiples et vont de l’objet à l’espace en passant par le signe.
Références
RAZMIG, Keucheyan, Les Besoins Artificiels, comment sortir du consumérisme, Paris, La découverte, 2019.
Sonde n°6 : Design, patrimoine et industrie culturelle
conçue par Alessandro VICARI et Nicolas GIRARD
L’ensemble du secteur culturel et patrimonial en France, avant la crise sanitaire de 2020, correspondait à 91,4 milliards d’euros, soit 2,3% du PIB national. Autant, sinon plus importante, est la valeur ajoutée, matérielle et immatérielle, que ce secteur véhicule en termes identitaires et politiques, tant vers les citoyens français que vers le reste du monde.
Dans un entretien radiophonique récent Chris Dercon, président de RMN, affirme :
“Il faut tirer des leçons de cette période. Il faut par exemple, à l’avenir, faire beaucoup plus avec le digital. (…) Tout va changer dans les musées, dans les expositions (…) Le plus important, c’est l’aspect social. Parce que tout d’un coup, on se rend compte qu’on n’est pas seul (…)”.
La sonde entend approfondir la connaissance des modes et des formes de communication du patrimoine culturel afin de les rénover. Il propose aux étudiantes et étudiants de mettre en place de nouvelles expériences de jouissance culturelle et de valorisation du patrimoine.
Références
EAMES, Ray and Charles, Glimpses of USA, USA, 1959. Cinéma expérimental, 30’.
ELIAS, Norbert, La société de cour, Paris, Calmann-Lévy, 1974.
NATALINI, Adolfo, NETTI, Lorenzo, POLI, Alessandro, TORALDO DI FRANCIA, Cristiano, Cultura materiale extra urbana, Firenze, Alinea, 1983.
PETRINI, Carlo, Bon, propre et juste : Éthique de la gastronomie et souveraineté alimentaire, Paris, Éditions Yves Michel, 2006.
POMIAN, Krzysztof, Collectionneurs, amateurs et curieux, Paris-Venise, XVIe-XVIIIe siècle, Paris, Gallimard, 1987.